Les lucioles - Horatu

Horatu, traduction du mot luciole en japonais, est un astre qui vole au bord de l'eau et annonce l'été aux japonais. Deux sortes de lucioles différentes par leur "style de vie" : le genji-botaru (12 à 18 mm) qui vit au bord de l'eau douce et le heike-botaru (8 à 10 mm) qui préfère les rizières et les eaux stagnantes, se nourrissent de colimaçons. Elles font partie des espèces aquatiques au stade larvaire parmi les dix répertoriées dans le monde, ce qui semble normal étant donné la géographie du Japon et des iles environnantes.

 

C’est à la fin du 8ème siècle que les lucioles font leur apparition dans la littérature japonaise. Elles seront mises à contribution dans les haikus, poèmes moins laconiques et essais, jusqu’à l’époque d’Edo (1603-1867).

 

Dans les temps anciens, les japonais croyaient que la lueur des lucioles était la manifestation de l’âme des trépassés.

 

À l’époque d’Edo, la capture des lucioles était un passe-temps fort prisé.

 

Des estampes ukiyoe nous montrent les divers objets utilisés pour leur capture notamment le classique filet à papillons ainsi que la reproduction des embarcations mire-lucioles (hotaru-bune) qui emmenaient des personnes ripaillant et buvant vers les meilleurs endroits pour admirer ce fascinant spectacle.
D'abord vendues dans les faubourgs de Kyoto, vers la fin du XVIIIe siècle, les lucioles furent chassées et commencèrent à se vendre également dans Edo (l’actuel Tokyo), mais la race des lucioles baissa et la peur des japonais fut de voir la race des lucioles genji  s'éteindre.

 

En 1924, le Gouvernement décréta tout le district de Moriyama, dans la Préfecture de Shiga, “Habitat protégé des lucioles genji”.

 

Aujourd’hui, un habitat figure sur la liste des Monuments Naturels Spéciaux et neuf sur celle des Monuments Naturels.

 

Le Japon est sans doute le seul pays au monde à avoir promulgué des arrêtés ministériels pour la protection des lucioles. Rien d’étonnant à cela cependant, car ces petites bestioles ont toujours recueilli l’affection des Japonais qui leur donnent des surnoms.

 

La croissance économique qui démarra dans les années soixante fut catastrophique pour l’environnement. L’habitat des lucioles se réduisit inexhorablement. Le développement de l’habitat humain, la pollution de l’eau, la construction de barrages dans les rivières et de digues contre les inondations en constituent les causes principales.

Aujourd’hui dans certaines régions du Japon, gouvernements locaux et citoyens semblent vouloir restaurer l’habitat des lucioles. Si nécessaire, on leur fournit des petits colimaçons et autres bestioles pour qu'elles puissent se nourrir.
De nos jours, le passe-temps favori et infiniment plus intelligent que la capture, est d’observer longuement le processus de la métamorphose de la pupe en insecte formé.

 

Dans l’ancien temps, on les capturait pour le plaisir, aujourd’hui on les observe pour s’instruire et méditer sur les mystères de la nature.  Préserver les lucioles, c’est également préserver l'environnement naturel où elles évoluent. À telle enseigne que ces charmantes petites diodes luminescentes naturelles clignotant dans la nuit sont devenues un symbole d’environnement sain. La tendre et ancestrale inclination des Japonais pour les lucioles est demeurée très vive de nos jours, et en tant que phénomène social, probablement unique au monde.

 

La luciole genji-botaru adulte lance son amoureux cri de lumière en voletant au dessus des limpides eaux courantes de juin à juillet.
Longueur, de 12 à 18 mm.
La luciole heike-botaru est plus petite : 8 à 10 mm.